À l’approche de Noël, la Parole de Dieu nous conduit vers une figure souvent silencieuse, mais décisive : Joseph. Face à une situation humaine qui semble sans issue, il choisit de faire confiance. Là où tout paraît impossible, Dieu ouvre un chemin.
L’Évangile de ce quatrième dimanche de l’Avent nous invite à contempler Joseph, l’homme juste, dont le consentement discret fait écho au « oui » déjà prononcé par Marie. Informé de la grossesse de sa fiancée alors qu’ils ne vivaient pas encore ensemble, Joseph se trouve brusquement confronté à l’incompréhensible. Tout semble lui échapper. Et pourtant, au cœur de cette épreuve, il demeure calme, humble et profondément juste.
La première lecture, tirée du prophète Isaïe, nous place déjà devant un paradoxe divin. Le roi Acaz, inquiet, hésitant, reçoit de Dieu un signe qu’il n’ose même pas demander. Alors Dieu lui-même prend l’initiative : « Voici que la vierge concevra et enfantera un fils, et on l’appellera Emmanuel » (Is 7,14). Ce signe n’est ni spectaculaire ni politique. Il est fragile, discret, presque déroutant. Dieu ne répond pas à la peur par la force, mais par une naissance. Il promet sa présence : Dieu-avec-nous. Déjà se dessine cette logique étonnante de Dieu, qui choisit ce qui semble impossible pour manifester sa fidélité.
L’Évangile selon saint Matthieu nous montre l’accomplissement de cette promesse à travers l’histoire très concrète de Joseph et de Marie. Joseph aurait eu toutes les raisons humaines de se sentir trahi, humilié, blessé. La loi lui permettait de dénoncer Marie publiquement, avec des conséquences dramatiques. Mais Joseph refuse la violence du jugement. Il choisit la discrétion, la miséricorde, le silence. Même dans la souffrance, il ne réclame pas justice pour lui-même.
C’est précisément dans ce cœur-là que Dieu peut parler. Par le songe et la parole de l’ange, Joseph entend l’inouï : ce qui lui semblait inacceptable vient de Dieu. L’enfant est conçu par l’Esprit Saint. Ce qui est impossible aux yeux des hommes devient le lieu de l’action divine. Joseph se réveille, et il agit : « Il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit » (Mt 1,24). Sa foi n’est pas un sentiment ; elle devient un choix, un acte, un engagement.
Joseph n’est ni naïf ni ridicule, contrairement à ce que pourraient penser certains regards modernes. Il est profondément réaliste, mais ouvert à plus grand que lui. Il accepte de réajuster son projet pour l’accorder à celui de Dieu. Il renonce à la maîtrise pour entrer dans la confiance. Sa justice n’est pas dureté, mais fidélité ; non pas domination, mais accueil.
Dans la spiritualité de l’Enfant de Bethléem, Joseph est une figure essentielle. Dieu ne cherche pas des héros éclatants, mais des cœurs justes, capables de lui faire de la place dans le quotidien. Avant que l’Enfant ne soit déposé dans la crèche, il y a ce « oui » silencieux de Joseph, tout aussi décisif que celui de Marie. Grâce à leur foi conjointe, Dieu peut naître au cœur de l’histoire humaine.
À quelques jours de Noël, cette Parole nous rejoint personnellement. Nous aussi, nous connaissons des situations qui semblent bloquées, incompréhensibles, impossibles. Nous aussi, nous sommes parfois appelés à choisir entre le jugement et la confiance, entre la peur et l’accueil. La foi de Joseph nous invite à croire que Dieu agit encore aujourd’hui, souvent là où nous pensions qu’il n’y avait plus d’issue.
Osons, à sa suite, ajuster nos projets au projet de Dieu. Car lorsque nous laissons Dieu entrer dans nos impossibilités, il peut y faire naître la vie.
Prière du jour
Enfant de Bethléem,
toi qui as voulu naître de la foi humble de Marie
et du consentement silencieux de Joseph,
apprends-nous la confiance dans l’épreuve.
Quand tout nous semble fermé,
ouvre nos cœurs à l’inattendu de Dieu.
Donne-nous la justice qui accueille
et la foi qui ose croire
que rien n’est impossible à Dieu.
Amen.
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
Voici comment fut engendré Jésus Christ :
Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph ;
avant qu’ils aient habité ensemble,
elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint.
Joseph, son époux,
qui était un homme juste,
et ne voulait pas la dénoncer publiquement,
décida de la renvoyer en secret.
Comme il avait formé ce projet,
voici que l’ange du Seigneur
lui apparut en songe et lui dit :
« Joseph, fils de David,
ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse,
puisque l’enfant qui est engendré en elle
vient de l’Esprit Saint ;
elle enfantera un fils,
et tu lui donneras le nom de Jésus
(c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve),
car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »
Tout cela est arrivé
pour que soit accomplie
la parole du Seigneur prononcée par le prophète :
Voici que la Vierge concevra,
et elle enfantera un fils ;
on lui donnera le nom d’Emmanuel,
qui se traduit : « Dieu-avec-nous ».
Quand Joseph se réveilla,
il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit :
il prit chez lui son épouse.
Références bibliques
- Is 7, 10-16
- Rm 1, 1-7
- Mt 1, 18-24




























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