Étoile de Bethléem SMB
Société missionnaire de Bethléem
CHAQUE JOUR LA PAROLE DE DIEU
Nov 16
Tiens bon la barre : quand l’horizon se ferme, Dieu ouvre une autre lumière

Tiens bon la barre : quand l’horizon se ferme, Dieu ouvre une autre lumière

Quand les jours raccourcissent et que les paysages s’assombrissent, le cœur humain est tenté de croire que rien ne changera plus. Mais la Parole de Dieu vient déposer en nous une certitude lumineuse : même sous le poids des brouillards les plus épais, un Soleil se prépare à se lever. Ce dimanche, les lectures nous apprennent à reconnaître ce Soleil — et à tenir ferme jusqu’à son retour.

Depuis quelques jours, la morte saison dans l’hémisphère nord déploie son décor familier : les arbres perdent leur feuillage, les vents deviennent plus mordants, le givre vient blanchir les sols avant l’aube, les premiers flocons se risquent à tomber. Et le brouillard — ce voile pesant, gris, presque métallique — peut s’étendre des heures durant sur nos villes et nos campagnes, comme une chape qui prive le cœur de sa lumière. À vivre sous ce ciel lourd, nous pourrions presque douter que le soleil reviendra un jour nous réchauffer. Pourtant, nous le savons : le printemps succède toujours à l’hiver. Le soleil, même invisible, continue de se lever. Il finit par traverser les nuées.

Cette expérience naturelle devient la clef spirituelle des lectures de ce dimanche. Le prophète Malachie s’adresse à un peuple revenu d’exil, déçu, découragé, usé par les lenteurs de la reconstruction. La foi avait été éprouvée ; la persévérance était mise à mal. Et voilà qu’une parole lumineuse retentit : « Pour vous qui craignez mon nom, le Soleil de justice se lèvera : il apportera la guérison dans son rayonnement. » (Ml 3,20)

Un soleil se lèvera — pas un soleil quelconque, mais le Soleil de justice. Une image d’une puissance inouïe pour des croyants ayant traversé ténèbres, humiliations et épreuves. Dieu promet qu’aucune nuit n’est définitive, qu’aucune oppression n’est éternelle, qu’aucun hiver spirituel n’a le dernier mot. C’est ce message que la liturgie déploie : Dieu est toujours en train de préparer une aurore.

Saint Paul, dans sa lettre aux Thessaloniciens (2 Th 3,7-12), reprend ce même appel sous un autre angle. Il met en garde contre la lassitude, la dispersion, les fausses nouvelles et les inquiétudes stériles qui traversaient la communauté. Certains vivaient dans la passivité, croyant la fin imminente ; d’autres se laissaient absorber par de l’agitation inutile. Paul rappelle la voie chrétienne : la persévérance humble, active, fidèle, celle qui permet de tenir sa place dans la mission quotidienne.

Puis vient l’Évangile selon saint Luc (21,5-19), où Jésus évoque un scénario impressionnant : destructions du Temple, guerres, tremblements de terre, famines, épidémies, persécutions. Pour la première communauté chrétienne, ces paroles n’avaient rien de théorique : elles décrivaient exactement ce qu’elle vivait. Les disciples étaient confrontés à la haine, à la rupture familiale, aux condamnations publiques. Tout cela ressemblait à une fin du monde personnelle.

Et voici que Jésus, loin de nourrir la panique, prononce des mots bouleversants : « Ne soyez pas terrifiés. » Puis : « Pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. » Et enfin : « C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie. » Ce n’est pas un appel à serrer les dents, ni à devenir des héros de résistance spirituelle. C’est une invitation à une fidélité confiante : rester ancré en Dieu même lorsque tout semble se disloquer autour de nous. Jésus ne nie ni les tremblements de terre, ni les divisions, ni les douleurs. Il dit simplement : « Tenez bon la barre. Je suis avec vous dans la tempête. Rien ne se perdra de ce qui est confié à mon Père. »

C’est ici que la spiritualité de l’Enfant de Bethléem apporte une lecture unique et précieuse. À Bethléem, le salut ne surgit pas dans les éclairs d’un triomphe, mais dans la nuit d’une étable. Dieu choisit la vulnérabilité, la fragilité, l’humilité comme lieu de sa manifestation. Là où tout semble sombre, il surgit comme une lumière discrète, presque fragile, mais irrésistible. Notre persévérance ressemble à celle de l’Enfant de la crèche : simple, pauvre, mais tendue vers le Père.

L’Enfant n’a ni défenses ni protections, et pourtant, il porte en lui toute la joie du ciel. C’est exactement ce que Jésus demande dans l’Évangile : continuer à espérer même quand l’horizon est sombre, ne pas abandonner lorsque la nuit se fait épaisse, croire que le soleil existe même quand on ne le voit plus.

La persévérance chrétienne n’est pas un durcissement intérieur ; elle est une confiance. Elle ne s’exerce pas par la force, mais par la douceur. Elle n’est pas crispation, mais abandon. Elle n’est pas tension, mais paix donnée par Dieu.

Ce dimanche, la Parole nous invite à :

  • ne pas laisser la peur dicter nos choix
  • refuser les discours alarmistes qui désorientent et attristent
  • demeurer fidèles dans les petites choses
  • continuer à prier même sans ressentir
  • nous laisser porter par Dieu comme l’Enfant de Bethléem
  • croire en une aurore même lorsque le ciel est encore gris

Tenir bon la barre, c’est choisir chaque jour d’appuyer notre vie non sur nos forces, mais sur la fidélité du Père.

Prière du jour

Seigneur Jésus,
quand les horizons s’assombrissent
et que les brouillards pèsent sur nos cœurs,
garde en nous la flamme de l’espérance.
Apprends-nous à persévérer lorsque tout vacille,
à croire que ton Soleil de justice se lèvera,
et à demeurer fidèles dans la douceur de Bethléem.
Que ta paix nous rende solides,
que ta présence nous garde debout,
et que ton amour nous conduise jusqu’au matin.
Amen.


Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

  En ce temps-là,
    comme certains disciples de Jésus parlaient du Temple,
des belles pierres et des ex-voto qui le décoraient,
Jésus leur déclara :
    « Ce que vous contemplez,
des jours viendront
où il n’en restera pas pierre sur pierre :
tout sera détruit. »
    Ils lui demandèrent :
« Maître, quand cela arrivera-t-il ?
Et quel sera le signe que cela est sur le point d’arriver ? »
    Jésus répondit :
« Prenez garde de ne pas vous laisser égarer,
car beaucoup viendront sous mon nom,
et diront : ‘C’est moi’,
ou encore : ‘Le moment est tout proche.’
Ne marchez pas derrière eux !
    Quand vous entendrez parler de guerres et de désordres,
ne soyez pas terrifiés :
il faut que cela arrive d’abord,
mais ce ne sera pas aussitôt la fin. »
    Alors Jésus ajouta :
« On se dressera nation contre nation,
royaume contre royaume.
    Il y aura de grands tremblements de terre
et, en divers lieux, des famines et des épidémies ;
des phénomènes effrayants surviendront,
et de grands signes venus du ciel.

    Mais avant tout cela,
on portera la main sur vous et l’on vous persécutera ;
on vous livrera aux synagogues et aux prisons,
on vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs,
à cause de mon nom.
    Cela vous amènera à rendre témoignage.
    Mettez-vous donc dans l’esprit
que vous n’avez pas à vous préoccuper de votre défense.
    C’est moi qui vous donnerai un langage et une sagesse
à laquelle tous vos adversaires ne pourront
ni résister ni s’opposer.
    Vous serez livrés même par vos parents,
vos frères, votre famille et vos amis,
et ils feront mettre à mort certains d’entre vous.
    Vous serez détestés de tous, à cause de mon nom.
    Mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu.
    C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie. »

Pour lire les lectures du jour, consultez AELF – 16 novembre 2025.


Références bibliques

  • Ml 3, 19-20a
  • 2 Th 3, 7-12
  • Lc 21, 5-19

Pour méditer

  • Quels sont les brouillards qui obscurcissent aujourd’hui notre horizon intérieur ?
  • Où Jésus m’appelle-t-il à persévérer malgré ce qui me décourage ?
  • Comment puis-je vivre cette persévérance dans la douceur de Bethléem et non dans la tension ?