En ce jour, l’Évangile nous place devant une image forte et très concrète du Royaume de Dieu : un grand dîner, tout est prêt, la table est dressée… mais les invités ne viennent pas. Le Seigneur n’en reste pas là : son désir de sauver, d’aimer, d’asseoir à sa table est plus fort que les refus humains. Cette parabole devient alors un appel vibrant à la conversion, à la disponibilité intérieure, à l’accueil de la bonté divine aujourd’hui — pas demain.
Dans la première lecture (Rm 12, 5-16b), saint Paul rappelle que nous ne sommes pas des individus isolés mais « un seul corps dans le Christ », membres les uns des autres, chacun avec un don, chacun avec une place. Dieu a tout disposé pour que sa grâce circule : les charismes, le service, l’hospitalité, la simplicité du cœur. Autrement dit : Dieu a déjà préparé le festin, il a déjà tout donné. Reste la question : est-ce que nous allons entrer dans ce que Dieu prépare ?
Dans l’Évangile (Lc 14, 15-24), Jésus raconte la parabole du grand dîner. Le maître invite beaucoup de monde. Au moment venu, l’appel retentit : « Venez, tout est prêt. » (v.17) Mais les invités commencent à s’excuser, chacun avec une raison qui paraît tout à fait raisonnable : un champ à aller voir, des bœufs à essayer, un mariage récent… Ce ne sont pas de mauvaises choses. Mais elles deviennent des obstacles quand elles prennent la place de Dieu. C’est le drame discret de l’indifférence spirituelle : ne pas refuser Dieu, mais ne pas le choisir. Ne pas l’insulter, mais le remettre à plus tard.
Alors le maître fait ce que fait toujours Dieu dans la Bible : il élargit. Il ouvre. Il ne se résigne pas. Il envoie chercher « les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux » (v.21), c’est-à-dire tous ceux qui n’ont rien à offrir en retour. Puis, comme il reste encore de la place, il envoie plus loin, « sur les routes et dans les sentiers » (v.23). Cette insistance — « afin que ma maison soit remplie » — dit le désir brûlant de Dieu : il veut que sa joie soit partagée. Le Royaume n’est pas un club fermé de méritants, c’est la maison d’un Dieu qui ne supporte pas le vide.
Cette parabole nous avertit de deux dangers :
- Le danger de nous croire déjà “invités de droit” parce que baptisés, engagés, proches de la vie de l’Église.
- Le danger de laisser les bonnes choses de la vie (famille, travail, projets) devenir plus urgentes que l’appel de Dieu.
Dans l’esprit de l’Enfant de Bethléem, ce texte prend une saveur particulière. Dieu ne veut pas d’un amour contraint, ni d’une réponse de façade. Il veut une réponse humble, gratuite, semblable à celle des pauvres qu’il fait asseoir à sa table. À Bethléem, Dieu s’est fait petit pour rejoindre les petits — comment refuser d’entrer là où lui s’est abaissé ? La vraie conversion, ici, c’est de laisser Dieu décider qui est invité, et de nous réjouir qu’il invite d’abord ceux que le monde met de côté.
C’est aussi un texte missionnaire : le maître envoie son serviteur chercher, inviter, insister. Chacun de nous, nous sommes ce serviteur. Dieu veut remplir sa maison — il nous envoie dans les “rues” et les “sentiers” du monde, là où sont les personnes blessées, dispersées, éloignées. Pas pour les forcer à coups de violence, mais pour les presser à entrer, par la bonté, la patience, le témoignage.
Ne nous contentons pas d’avoir reçu l’invitation : répondons-y aujourd’hui. Et aidons d’autres à y répondre.
Prière du jour
Seigneur Jésus,
Toi qui prépares pour nous le festin de ton Royaume,
ne permets pas que nos préoccupations nous éloignent de toi.
Brûle en nous ce qui retarde notre réponse.
Donne-nous ton regard pour accueillir les pauvres, les blessés, les oubliés.
Fais de nous des serviteurs qui invitent sans se lasser,
afin que ta maison soit remplie.
Amen.
Références bibliques
- Rm 12, 5-16b
- Lc 14, 15-24
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
au cours du repas chez un chef des pharisiens,
en entendant parler Jésus, un des convives lui dit :
« Heureux celui qui participera au repas
dans le royaume de Dieu ! »
Jésus lui dit :
« Un homme donnait un grand dîner,
et il avait invité beaucoup de monde.
À l’heure du dîner, il envoya son serviteur
dire aux invités :
“Venez, tout est prêt.”
Mais ils se mirent tous, unanimement, à s’excuser.
Le premier lui dit :
“J’ai acheté un champ,
et je suis obligé d’aller le voir ;
je t’en prie, excuse-moi.”
Un autre dit :
“J’ai acheté cinq paires de bœufs,
et je pars les essayer ;
je t’en prie, excuse-moi.”
Un troisième dit :
“Je viens de me marier,
et c’est pourquoi je ne peux pas venir.”
De retour,
le serviteur rapporta ces paroles à son maître.
Alors, pris de colère,
le maître de maison dit à son serviteur :
“Dépêche-toi d’aller sur les places
et dans les rues de la ville ;
les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux,
amène-les ici.”
Le serviteur revint lui dire :
“Maître, ce que tu as ordonné est exécuté,
et il reste encore de la place.”
Le maître dit alors au serviteur :
“Va sur les routes et dans les sentiers,
et fais entrer les gens de force,
afin que ma maison soit remplie.
Car, je vous le dis,
aucun de ces hommes qui avaient été invités
ne goûtera de mon dîner.” »
Pour lire les lectures du jour, consultez AELF – 4 novembre 2025.
Pour méditer
- Où est-ce que je me trouve dans cette parabole aujourd’hui : parmi ceux qui s’excusent… ou parmi ceux qui répondent ?
- Quelles “bonnes raisons” prennent la place de Dieu dans mon agenda intérieur ?
- Qui le Seigneur veut-il faire asseoir à sa table à travers moi aujourd’hui ?






























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