Dominer ou servir ? L’Évangile nous place devant un choix décisif qui façonne nos jours et nos relations. Jésus déjoue nos rêves de prestige en plaçant un enfant au milieu : la vraie grandeur se mesure à la manière dont nous servons les plus petits, à la manière dont nous les accueillons en son nom.
Dans la première lecture
Le Deutéronome nous montre Moïse passant le relais à Josué. Le peuple s’apprête à entrer dans la Terre promise ; l’enjeu est immense, et la tentation de la peur bien réelle. Alors retentit la promesse : « C’est le Seigneur qui marche devant nous. Il sera avec nous ; il ne nous délaissera pas, il ne nous abandonnera pas. Ne craignons pas, ne nous laissons pas effrayer. » (Dt 31, 8)
Cette parole enkyste l’espérance dans la mémoire : avancer dans l’obéissance confiante, non pour dominer, mais pour conduire en serviteurs. La force biblique n’est pas écrasante ; elle est présence fidèle de Dieu qui ouvre la route et soutient la fatigue du service.
Dans l’Évangile
Les disciples demandent : « Qui est le plus grand dans le Royaume des Cieux ? » (Mt 18, 1). Jésus répond par un geste : il appelle un enfant, le place au centre, puis déclare : « Si nous ne changeons pas pour devenir comme les enfants, nous n’entrerons pas dans le Royaume des Cieux. » (Mt 18, 3)
La « petitesse » devient la porte de la vraie grandeur : « Celui qui se fera petit comme cet enfant, celui-là est le plus grand. » (Mt 18, 4) Et l’accueil des plus fragiles prend un visage christique : « Celui qui accueille un enfant comme celui-ci en mon nom, il m’accueille, moi. » (Mt 18, 5)
Jésus élargit encore : « Leurs anges dans les cieux voient sans cesse la face de mon Père. » (Mt 18, 10) La dignité des petits est gardée au cœur même de Dieu. Puis il raconte la brebis perdue : le berger laisse les quatre-vingt-dix-neuf pour chercher l’égarée et « il se réjouit pour elle » (Mt 18, 13), car « notre Père qui est aux cieux ne veut pas qu’un seul de ces petits soit perdu. » (Mt 18, 14)
Sens spirituel à la lumière de l’Enfant de Bethléem
Dans la spiritualité de l’Enfant de Bethléem, la simplicité, l’humilité et la proximité ne sont pas des ornements : elles sont la voie. Dieu s’est fait petit, accessible, désarmé ; ainsi, nous apprenons que la vraie autorité se reconnaît au service. Devenir « comme des enfants », ce n’est pas infantiliser notre foi ; c’est laisser nos cœurs devenir clairs, confiants, disponibles — capables d’accueillir et de protéger.
Accueillir un petit en son nom, c’est accueillir le Christ lui-même ; chercher une personne perdue, c’est battre au rythme du Cœur du Bon Pasteur. À la suite de Jésus, notre grandeur se jauge à la manière dont nous nous penchons vers les plus vulnérables, dont nous renonçons aux logiques de domination pour choisir l’esprit de service.
- Aujourd’hui, choisissons un geste très simple d’accueil : du temps offert à une personne fragile, un enfant, un aîné, un voisin isolé.
- Sur nos lieux de responsabilité (famille, paroisse, travail), examinons nos réflexes : cherchons-nous à paraître « les plus grands » ou à servir en silence ?
- Laissons-nous envoyer vers « la brebis égarée » : prendre des nouvelles, réconcilier, accompagner… « Notre Père ne veut pas qu’un seul de ces petits soit perdu. » (Mt 18, 14)
Prière du jour
Seigneur Jésus, Enfant de Bethléem,
apprends-nous la petitesse qui ouvre grand le Royaume.
Donne-nous des mains attentives pour accueillir les petits,
un cœur libre pour servir sans chercher la première place,
et des pas pressés pour rejoindre la brebis égarée.
Que ta douceur fasse de nous des frères et sœurs pour tous.
Amen.
Références bibliques
- Dt 31, 1-8
- Mt 18, 1-5.10.12-14
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
À ce moment-là, les disciples s’approchèrent de Jésus et lui dirent :
« Qui donc est le plus grand
dans le royaume des Cieux ? »
Alors Jésus appela un petit enfant ;
il le plaça au milieu d’eux,
et il déclara :
« Amen, je vous le dis :
si vous ne changez pas
pour devenir comme les enfants,
vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux.
Mais celui qui se fera petit comme cet enfant,
celui-là est le plus grand dans le royaume des Cieux.
Et celui qui accueille un enfant comme celui-ci en mon nom,
il m’accueille, moi.
Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits,
car, je vous le dis, leurs anges dans les cieux
voient sans cesse la face de mon Père qui est aux cieux.
Quel est votre avis ?
Si un homme possède cent brebis
et que l’une d’entre elles s’égare,
ne va-t-il pas laisser les 99 autres
dans la montagne
pour partir à la recherche de la brebis égarée ?
Et, s’il arrive à la retrouver,
amen, je vous le dis :
il se réjouit pour elle
plus que pour les 99
qui ne se sont pas égarées.
Ainsi, votre Père qui est aux cieux
ne veut pas qu’un seul de ces petits soit perdu. »
Pour lire les lectures du jour, consultez AELF – 12 août 2025.
Pour méditer
- Où le Seigneur nous appelle-t-il aujourd’hui à choisir le service plutôt que la première place ?
- Qui est « la brebis égarée » que nous pouvons rejoindre concrètement cette semaine ?
- Quel pas simple pouvons-nous poser pour accueillir un « petit » au nom de Jésus ?
Comments are closed.