« En toi est la source de vie ; par ta lumière nous voyons la lumière. Garde ton amour à ceux qui t’ont connu, ta justice à tous les hommes droits. » (Ps 35 (36), 10‑11)
Un matin, les disciples, perplexes, demandent à Jésus : « Pourquoi leur parles‑tu en paraboles ? » (Mt 13, 10). En apparence, ces histoires voilées semblent ésotériques, réservées à un cercle d’initiés. À ceux qui l’interrogent, Jésus répond pourtant que le Royaume est offert non à un petit groupe, mais à tout cœur disposé à accueillir sa parole. Cette « initiation par le cœur » renverse notre idée de l’élite religieuse et fait écho à la simplicité filiale de l’Enfant de Bethléem.
L’usage des paraboles : pédagogie divine ou secret initiatique ? (Mt 13, 10‑13)
Les paraboles de Jésus empruntent au quotidien — semeur, champ, perle précieuse, filet — pour illustrer le Royaume de Dieu.
Loin d’un enseignement ésotérique, elles invitent chaque homme et chaque femme à un cheminement intérieur où le réel devient sacrement. Le cœur de l’enfant, face à la Parole, se fait terre féconde : la parabole dépose la graine de la foi dans un sol prêt à germer.
« À vous il est donné de connaître les mystères du royaume des Cieux ; mais à eux, cela n’est pas donné. » (Mt 13, 11)
Jésus n’exclut personne du mystère ; il signale seulement que la perception spirituelle requiert un cœur ouvert. Les disciples, élevés à l’école de l’Enfant de Bethléem, apprennent à lire chaque image comme une porte sur l’invisible.
Le cœur alourdi : obstacles à l’initiation (Mt 13, 14‑15)
Pour expliquer pourquoi certains ne saisissent pas ses paroles, Jésus cite Isaïe :
« Vous avez beau écouter, vous n’entendez pas ; vous avez beau fixer les yeux, vous ne voyez pas.
Le cœur de ce peuple s’est alourdi,
ils sont devenus durs d’oreille…
de peur que leurs yeux ne voient,
que leurs oreilles n’entendent,
que leur cœur ne comprenne,
qu’ils ne se convertissent… et moi, je les guérirai. »
(Mt 13, 14‑15)
Cette lourdeur, fruit du péché et des préjugés, empêche l’écoute véritable. À l’inverse, le cœur « d’Évangile » — purifié par l’amour de l’Enfant Dieu — devient source vive, accueillant la Parole comme on boit à la fontaine de vie.
Heureux initiés : les yeux et les oreilles de la foi (Mt 13, 16‑17)
Jésus s’adresse à ceux qui ont cru :
« Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez !
Beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu;
entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu. »
(Mt 13, 16‑17)
La vocation chrétienne est un appel universel, non un privilège de caste : être « initié » signifie participer dès aujourd’hui à la grande assemblée des croyants dont les cœurs, comme ceux des bergers à la crèche, reconnaissent le Sauveur.
Les étapes de notre initiation par le cœur
Pour recevoir et faire fructifier cette grâce, nous marchons selon trois repères :
- La lectio divina des paraboles : entrer lentement dans le texte, méditer chaque mot, laisser l’image divine infuser l’âme.
- La prière de l’enfant : retrouver la confiance filiale qui a mené Marie et Joseph à contempler l’Emmanuel dans la crèche.
- La conversion permanente : accueillir dès l’instant la lumière du Christ lorsque je sens mon cœur durcir, et me tourner, comme Jonas, vers le pardon rédempteur.
Prière du jour
Seigneur Jésus,
Toi qui enseignes en images simples,
réchauffe mon cœur refroidi par les soucis ;
ouvre mes yeux et mes oreilles
à tes paraboles de vie éternelle,
et fais naître en moi la confiance filiale
que toi, l’Enfant de Bethléem, révèles au monde.
Amen.
Références bibliques
- Exode 19, 1-2.9-11.16-20b
- Matthieu 13, 10-17
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là,
les disciples s’approchèrent de Jésus et lui dirent :
« Pourquoi leur parles-tu en paraboles ? »
Il leur répondit :
« À vous il est donné de connaître
les mystères du royaume des Cieux,
mais ce n’est pas donné à ceux-là.
À celui qui a, on donnera,
et il sera dans l’abondance ;
à celui qui n’a pas,
on enlèvera même ce qu’il a.
Si je leur parle en paraboles,
c’est parce qu’ils regardent sans regarder,
et qu’ils écoutent sans écouter ni comprendre.
Ainsi s’accomplit pour eux la prophétie d’Isaïe :
Vous aurez beau écouter, vous ne comprendrez pas.
Vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas.
Le cœur de ce peuple s’est alourdi :
ils sont devenus durs d’oreille,
ils se sont bouché les yeux,
de peur que leurs yeux ne voient,
que leurs oreilles n’entendent,
que leur cœur ne comprenne,
qu’ils ne se convertissent,
– et moi, je les guérirai.
Mais vous, heureux vos yeux puisqu’ils voient,
et vos oreilles puisqu’elles entendent !
Amen, je vous le dis :
beaucoup de prophètes et de justes
ont désiré voir ce que vous voyez,
et ne l’ont pas vu,
entendre ce que vous entendez,
et ne l’ont pas entendu. »
Pour lire les lectures du jour, consultez AELF – 24 juillet 2025.
Pour méditer
- Quel passage des paraboles fait jaillir en moi une lumière nouvelle ?
- Comment garder mon cœur disponible pour entendre et comprendre la Parole ?
- Quelle conversion suis-je appelé(e) à vivre dès aujourd’hui pour rester initié(e) par le cœur ?
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