Ce mardi de la Semaine sainte est marqué par deux annonces poignantes de Jésus : la trahison de Judas et le reniement de Pierre. Deux blessures infligées par ses proches, deux douleurs qui annoncent déjà la croix. Et pourtant, au cœur de cette nuit qui tombe, brille la lumière de la gloire promise.
« Et pourtant, mon droit subsistait auprès du Seigneur, ma récompense, auprès de mon Dieu. (…) Oui, j’ai de la valeur aux yeux du Seigneur, c’est mon Dieu qui est ma force. » (Is 49, 4-5)
Le Serviteur et la lumière des nations
Dans la première lecture, le prophète Isaïe dévoile la figure du Serviteur, choisi dès le sein maternel pour être « la lumière des nations ». L’Église reconnaît en lui la figure de Jésus, envoyé pour faire resplendir le salut de Dieu jusqu’aux extrémités de la terre.
« Je fais de toi l’alliance du peuple, la lumière des nations. » (Is 49, 6)
Jésus, le Fils bien-aimé, assume pleinement cette mission. Même trahi, même abandonné, il ne se détourne pas : il va jusqu’au bout dans la fidélité au dessein du Père.
Le choc de la trahison
Dans l’évangile selon saint Jean, l’intimité du dernier repas est brisée par l’annonce terrible : « L’un de vous me livrera. » L’émotion est palpable. Jésus identifie Judas, qui quitte la pièce… et « il faisait nuit ». Nuit extérieure, mais surtout nuit intérieure.
« Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. » (Jn 13, 31)
Paradoxalement, c’est dans ce moment de trahison que Jésus parle de glorification. Car c’est bien par l’offrande de sa vie, dans l’humiliation et la souffrance, que se manifeste la gloire de Dieu.
La force du pardon
Pierre, lui aussi, se montre fragile. Il affirme vouloir donner sa vie, mais Jésus lui annonce qu’il le reniera trois fois. Ce n’est pas pour condamner, mais pour préparer son disciple à la conversion. Car si Judas s’enfonce dans le désespoir, Pierre, lui, pleurera amèrement… et reviendra.
Suivre le Christ en ce Mardi Saint, c’est accepter de se confronter à nos propres lâchetés, nos peurs, nos infidélités. Mais c’est aussi croire que Jésus nous connaît, nous relève, nous pardonne, et nous attire toujours plus près de lui.
Prière du jour
Seigneur Jésus, Toi le Serviteur fidèle, tu n’as pas reculé devant la trahison, tu n’as pas fui face au reniement. Apprends-moi à persévérer dans la nuit, à te suivre dans l’épreuve, à m’ouvrir à ta miséricorde quand je tombe. Que cette Semaine Sainte m’unisse à ton cœur, plus grand que toutes mes fautes. Amen.
Références bibliques
- Is 49, 1-6
- Jn 13, 21-33.36-38
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là,
au cours du repas que Jésus prenait avec ses disciples,
il fut bouleversé en son esprit,
et il rendit ce témoignage :
« Amen, amen, je vous le dis :
l’un de vous me livrera. »
Les disciples se regardaient les uns les autres avec embarras,
ne sachant pas de qui Jésus parlait.
Il y avait à table, appuyé contre Jésus,
l’un de ses disciples, celui que Jésus aimait.
Simon-Pierre lui fait signe de demander à Jésus
de qui il veut parler.
Le disciple se penche donc sur la poitrine de Jésus
et lui dit :
« Seigneur, qui est-ce ? »
Jésus lui répond :
« C’est celui à qui je donnerai la bouchée
que je vais tremper dans le plat. »
Il trempe la bouchée,
et la donne à Judas, fils de Simon l’Iscariote.
Et, quand Judas eut pris la bouchée,
Satan entra en lui.
Jésus lui dit alors :
« Ce que tu fais, fais-le vite. »
Mais aucun des convives ne comprit
pourquoi il lui avait dit cela.
Comme Judas tenait la bourse commune,
certains pensèrent que Jésus voulait lui dire
d’acheter ce qu’il fallait pour la fête,
ou de donner quelque chose aux pauvres.
Judas prit donc la bouchée, et sortit aussitôt.
Or il faisait nuit.
Quand il fut sorti, Jésus déclara :
« Maintenant le Fils de l’homme est glorifié,
et Dieu est glorifié en lui.
Si Dieu est glorifié en lui,
Dieu aussi le glorifiera ;
et il le glorifiera bientôt.
Petits enfants,
c’est pour peu de temps encore
que je suis avec vous.
Vous me chercherez,
et, comme je l’ai dit aux Juifs :
“Là où je vais,
vous ne pouvez pas aller”,
je vous le dis maintenant à vous aussi. »
Simon-Pierre lui dit :
« Seigneur, où vas-tu ? »
Jésus lui répondit :
« Là où je vais,
tu ne peux pas me suivre maintenant ;
tu me suivras plus tard. »
Pierre lui dit :
« Seigneur, pourquoi ne puis-je pas te suivre à présent ?
Je donnerai ma vie pour toi ! »
Jésus réplique :
« Tu donneras ta vie pour moi ?
Amen, amen, je te le dis :
le coq ne chantera pas
avant que tu m’aies renié trois fois. »
Pour lire les lectures du jour, consultez AELF – 15 avril 2025.
À méditer :
- Suis-je parfois tenté de m’éloigner de Jésus quand vient la nuit ?
- Est-ce que je crois que son pardon est plus fort que mes trahisons ?
- Est-ce que je me laisse relever pour devenir témoin de sa lumière ?
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