CHAQUE JOUR LA PAROLE DE DIEU
Août 19

A l’école de la Cananéenne

Lectures du dimanche 20 aout 2023 

«Femme, grande est ta foi !» (Mt 15, 21-28)

Lors de nos vacances, nombreux sommes-nous à partir à l’étranger pour visiter et découvrir des pays de culture différente de la notre, aux paysages nouveaux pour nous ! Lors de ses visites, nous avons sans doute tous une fois fait l’expérience, moins agréable, de nous faire accoster et racoler à un coin de rue par une mendiante trop insistante à notre gout ! « S’il vous plait, donnez-moi quelque chose pour nourrir ma famille » S’il vous plait ! Nous avons beau, essayer de l’ignorer et de faire mine de poursuivre notre visite, notre mendiante ne lâche pas son morceau. Au contraire, elle se fait même plus pressante encore. Elle s’approche encore et insiste davantage ! Devant cette situation imprévue inhabituelle pour nous, un sentiment d’insécurité peut alors s’emparer de nous ! Que faire alors ? Très souvent, le désir de retrouver la paix et de pouvoir poursuivre notre visite, nous pousse alors à donner quelques sous, quelques miettes, dirais-je, à cette inconnue !

Cette situation que je viens de décrire est un peu celle de Jésus et de ses apôtres dans l’évangile de ce dimanche !

Eux aussi s’étaient retirés sur des terres étrangères, dans la région de Tyr et Sidon, dans l’actuel Liban. Là, vint à leur rencontre une femme cananéenne, c’est-à-dire une descendante du peuple qui habitait en Palestine avant la conquête des juifs. Donc une païenne. Elle se met à crier : « Aie pitié de moi, Seigneur, fils de David. Ma fille est tourmentée par un démon ». Chose inhabituelle et quelque peu étonnante, l’évangile nous dit que Jésus « ne lui répondit rien ». Il l’ignore tout simplement. Mais la Cananéenne ne se laisse pas décourager pour autant. Elle les poursuit de ses cris, tant et si bien que les apôtres désireux d’avoir la paix vont intervenir en sa faveur. Toujours sur la défensive, Jésus répond : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues d’Israël ». Plus d’une ou plus d’un en seraient sans doute quitte avec une telle réponse ! Mais pas notre cananéenne qui intensifie encore sa prière.  « Seigneur, viens à mon secours ! ». Une troisième fois encore, Jésus la renvoie d’une manière dure « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens ». Mais, Jésus on ne se débarrasse pas si facilement d’une femme qui n’a rien à perdre. En effet, à chaque nouvelle ligne de l’Evangile elle prend un peu plus de place encore: « C’est vrai Seigneur, reprit-elle, mais justement les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres ».

Cette réponse du tac au tac de cette femme, va bouleverser Jésus et le remplir de joie. « Femme, ta foi est grande, que tout se fasse pour toi comme tu le veux ! ».En méditant cette page d’évangile mettant en scène cette cananéenne que la liturgie de ce dimanche nous donne comme modèle, nous pouvons tirer des enseignements aussi simples que précieux :

Le premier c’est l’importance de la persévérance dans la foi. La fille de la cananéenne était à l’article de la mort. Mais, cette femme était persuadé que Jésus pouvait la sauver. Il n’est pas facile de croire malgré les difficultés, les incompréhensions, les rebuffades qui sont inévitables dans un monde comme le nôtre. La foi, ce n’est pas le don d’y voir clair, ni le don d’y voir plus clair que les autres. C’est d’être fidèle, même quand on n’y voit rien. Le deuxième enseignement, c’est l’invitation à persévérer dans la prière. La Cananéenne a fait preuve de ténacité devant Jésus qui paraissait la repousser. De même, notre propre prière doit se faire insistante. Ce n’est pas du bout des lèvres que nous devons prier, mais du fond du cœur, avec tout notre être et de toute notre foi. Enfin, le troisième enseignement, c’est que l’Esprit-Saint est partout à l’œuvre. Bien sûr, il est à l’œuvre dans l’Eglise fondée par Jésus-Christ et en nous qui croyons en lui !

Comme la Cananéenne, ces hommes et ces femmes différents de nous, ont une certaine foi, beaucoup se sentent pauvres et sans prétention, beaucoup prient et espèrent dans le secret de leur cœur, beaucoup persévèrent dans un idéal de fraternité, de respect des autres, de paix. Sans le savoir, ils font eux aussi partie de la grande famille de Dieu.

Chers frères et sœurs, tout comme Jésus, laissons-nous aujourd’hui interpeller par cette femme étrangère, laissons cette païenne nous déranger dans nos habitudes. Arrêtons-nous un instant et écoutons-là, car elle nous ouvre le chemin vers Dieu et vers notre prochain tel qu’il soit.

Is 56, 1.6-7 / Rm 11, 13-15.29-32 /  Mt 15, 21-28